« Faiseuses d’histoires » Barbara Salomé Felgenhauer
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Galerie Satellite (Cinéma Churchill)
Accès gratuit tous les jours à partir de 14:00
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Expositions
Organisation Les Chiroux
Barbara Salomé Felgenhauer (*1992) diplômée de l’ENSAV La Cambre et lauréate du Prix de la Fondation Boghossian en 2022, propose dans l’exposition Faiseuses d’histoires* une nouvelle lecture de ses projets récents J’ai rêvé l’obscur et Terrapolis. Artiste visuelle basée à Bruxelles, Barbara pratique la photographie, la vidéo, la performance, la sculpture et l’installation et crée une expérience immersive et enveloppante, source d’émancipation et de force créatrice. Face aux problématiques écologiques actuelles et principes de domination sur lesquels est fondée notre société, la / le spectateur.rice se fait absorber par un monde où l’on (re)ferait corps avec la Terre, pour révolutionner à la racine et réinitialiser le récit de l’humanité. Résolument féministe, empreint de spiritualité, Faiseuses d’histoires met au centre la symbolique de la Déesse comme affirmation du corps féminin et pouvoir de réappropriation. C’est un pouvoir qui vient de l’intérieur des choses, le pouvoir du dedans, différent du pouvoir qui domine, le pouvoir sur. Le pouvoir du dedans peut être appelé par le mot Déesse, il possède les pouvoirs qui connectent, nourrissent, guérissent et créent. Il évoque le paganisme, le sang, l’obscurité, la sexualité, les pouvoirs du bas, de l’obscur, de la Terre…
Ma pratique artistique est née d’un sentiment d’impuissance face à la destruction de la terre et au principe de domination sur lequel est fondée notre société. En questionnant mon rapport à la terre et à la nature, j’ai constaté que j’étais à la fois déconnectée d’elle et de mon propre corps. J’ai cherché à savoir pourquoi j’en étais là aujourd’hui, ce qui m’a amenée à entamer une recherche sur les rapports de genre, le féminisme et l’écologie. Je m’intéresse à l’origine des rapports de pouvoir, et c’est dans le mouvement écoféministe que j’ai trouvé une analogie intéressante entre la destruction de la nature et les rapports de domination entre les sexes.
Je développe la narration de manière écrite, orale ou visuelle, elle se matérialise au moyen des médiums praticables : numérique, argentique, sculptural, performatif, sonore… Je tente de créer un espace fluide, ouvrant au sensible, aux émotions et aux pensées associatives. C’est dans cet espace que la / le spectateur.rice a l’occasion de prendre un rôle actif et de nouvelles connexions et relations peuvent s’établir, laissant place à la fabulation spéculative d’un nouveau monde possible.
M’intéressant aux couches, aux strates – matérielles et temporelles – qui forment à la fois la terre et nos identités, je questionne la légitimité d’une image, son statut, sa signification et son histoire. À l’écoute des choses terrestres, à la recherche de signes dans les roches ou d’une poésie des pierres, certains éléments végétaux m’attirent en particulier comme les arbres. Parfois presque morts, ils sont pour moi un totem ou encore une porte, un passage qui nous connecte à d’autres mondes.
Des années 60 aux années 80, l’héritage féministe se positionne dans l’art sans pudeur ni idéalisation et questionne l’absence des femmes dans l’art. Des femmes artistes comme Ana Mendieta ou Carolee Schneemann (pour ne citer qu’elles) rejettent le statut de leur corps comme objet de contemplation, tout en invoquant le spirituel et le politique. La dimension performative et le corps ont également une place importante dans ma pratique. À travers l’exploration de mon propre corps, tantôt nu, peint, enduit d’argile ou encore moulé dans du plâtre, tantôt vivant l’intimité d’une lecture de tarot (Voyance, vidéo, 2022), je questionne la construction de mon identité. C’est à la fois une façon de me réapproprier mon corps et de remettre en question nos savoirs acquis, nos récits admis en mettant les doigts dedans. Oser les toucher et les modeler pour en faire une pâte malléable. (Barbara Salomé Felgenhauer)
* En référence à l’essai « Les faiseuses d’histoires : que font les femmes à la pensée ? » d’Isabelle Stengers et Vinciane Despret (2011)
Galerie Satellite (Cinéma Churchill), rue du Mouton Blanc, 20
Accès gratuit tous les jours de l’année à partir de 14:00 pendant les heures d’ouverture du Churchill
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